L’artisan d’espoirs
Au Centre Ville de Mbalmayo, le salon de coiffure d’Ismaël Mouliom s’impose comme un symbole d’ambition et de résilience. Derrière les murs de ce modeste établissement, un homme façonne bien plus que des coupes : il sculpte des destins.
Ancien coiffeur reconverti par nécessité, Ismaël a longtemps tourné le dos à ses premiers amours. Mais la passion, tenace, a fini par triompher des détours de la vie. Après des années d’économies et un précieux appui financier, il investit cinq millions de francs CFA pour donner vie à ce rêve enfoui. Le pari est audacieux, mais l’homme sait qu’avec la coiffure, il maîtrise l’essentiel : le temps, les risques, et surtout, le flux d’une clientèle fidèle.
Cependant, l’entrepreneuriat n’est pas un long fleuve tranquille. Ismaël affronte des vents contraires : la difficulté d’obtenir des financements, la gestion des départs imprévus d’employés attirés par l’envie d’indépendance, et la concurrence parfois acerbe. Malgré cela, il reste droit, convaincu que le succès repose sur la persévérance.
En deux mois à peine, son salon devient un havre pour quatre jeunes employés — trois hommes et une femme — qu’il accompagne vers l’autonomie. « Grâce à ce salon, ils se battent pour leur avenir », confie-t-il, fier de contribuer au développement de sa ville en payant ses impôts et en créant des emplois.

Son ambition dépasse les murs de son salon : Ismaël rêve d’atteindre le standing des grandes villes, d’essaimer d’autres salons à Mbalmayo, d’améliorer la qualité du service et d’offrir des opportunités à un maximum de jeunes. Son message est clair : « Rien ne s’obtient facilement. Il faut de l’optimisme et de la persévérance. »
Ismaël est la preuve vivante qu’avec des ciseaux et de la volonté, on peut façonner bien plus que des cheveux : on peut tisser des vies, des espoirs, et des avenirs.
Yves ZEMBIDA