L’atelier y relatif, tenu à Yaoundé le 11 Mars 2025 s’inscrit dans le cadre du projet d’appui à la mise en place des systèmes d’alerte précoce multirisque inclusifs en cas d’inondation et de sécheresse dans les régions du Centre et du Nord, mis en œuvre avec l’appui technique et financier de l’Ong Christian blind mission (Cbm)
Les personnes handicapées sont souvent touchées de manière disproportionnée par les risques naturels, les catastrophes d’origine climatique et les urgences sanitaires mondiales. Il est estimé que ces personnes dites vulnérables ont 02 à 03 fois plus de risques de mourir en cas de catastrophes. Selon le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes, seule une personne en situation de handicap sur quatre est capable de suivre des mesures d’évacuation sans problème en cas de catastrophes. Théophile Kemmegne est le Président de l’association des handicapés diplômés de l’enseignement supérieur, il connait bien la dure réalité face à la survenue des sinistres.
« Généralement les personnes handicapées sont les plus exposées aux catastrophes. Il y’a des déficients auditifs qui ne peuvent pas accéder à l’information diffusée en rapport avec un phénomène précis. Les déficients visuels quant à eux ne peuvent pas facilement être orientées lorsque les risques surviennent », regrette-t-il.
C’est une évidence que vivent les leaders communautaires. A Nkolndom 2 par exemple, localité située dans le 1er arrondissement de la ville de Yaoundé, la plupart des habitations sont construites sur des aires marécageuses et des zones à risque, comme le révèle le Chef de bloc 3. Une option pour certaines personnes en situation de handicap. Parce que démunies, elles se sentiraient mieux loin des regards externes. Mais la grande question demeure.
« Qu’advient-il de ces personnes lorsque dame nature réagit à l’entêtement des hommes ? », s’interroge Sa Majesté Paul Etoga.
Former aux gestes pratiques
Dans les situations d’urgences humanitaires, les personnes handicapées sont souvent les plus touchées car faisant face à une vulnérabilité accrue à la violence. Négligées, elles sont pourtant une ressource unique de connaissances et d’expérience, essentielle pour aider à réduire le risque de catastrophes et construire des sociétés et des communautés résilientes. Parce que leurs pertes humaines et matérielles sont plus importantes, Angeline Evina, Présidente de la coordination des associations des étudiants handicapés des universités du Cameroun, pense que la prise en compte des personnes handicapées dans la gestion des catastrophes commence par la prévention et une cartographie des personnes handicapées dans chaque commune. Elle propose alors des gestes pratiques, avec en priorité la formation des personnes en situation de handicap.
« Il faut que nous-mêmes personnes handicapées, puissions être outillées à la gestion des catastrophes. De ce fait, nous pourrons mieux nous prendre en charge avant l’arrivée des autres », relève-t-elle.
Promhandicam association, au-devant de l’inclusion des personnes handicapées dans la réduction des risques de catastrophes
En mettant en œuvre depuis Avril 2024, avec le soutien technique et financier de l’Ong Christian blind mission, le projet d’appui à la mise en place des systèmes d’alerte précoce multirisque inclusifs en cas d’inondation et de sécheresse dans les régions du Centre et du Nord Cameroun, Promhandicam association veut atteindre un objectif : accroitre les capacités d’influence des leaders des organisations des personnes handicapées au sein de leurs communautés et favoriser la prise en compte de leurs préoccupations spécifiques dans les initiatives locales de développement en général et la gestion des risques de catastrophes au niveau local et communautaire. Nathalie Madiesse, chef du projet, donne d’amples explications.
« Cet atelier vise à tirer la sonnette d’alarme. C’est une façon de sensibiliser les acteurs aux niveaux communal et de l’administration, pour que les initiatives qui incombent à leurs feuilles de route intègrent davantage les personnes handicapées. Les acteurs en faveur de la protection civile devraient également intégrer les personnes handicapées et leurs besoins spécifiques dans leurs systèmes de fonctionnement », précise-t-elle.

Toutes les parties prenantes, à savoir les administrations publiques, les responsables de communes, les leaders traditionnels, les personnes handicapées sont ainsi encouragées à porter des initiatives inclusives en matière de gestion des risques de catastrophes et de protection civile, d’une manière générale.
Marie Judith Ndongo