A l’heure où les enjeux de souveraineté alimentaire deviennent plus pressants que jamais, le Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) et l’Association Citoyenne des Intérêts Collectifs (ACDIC) ont décidé de revenir à l’essentiel : la terre, les savoir-faire locaux et le goût authentique des produits issus des champs camerounais. Leur projet commun intitulé « Renforcer les boulangeries artisanales utilisant les farines locales », qui vient d’être lancé à Yaoundé, résonne comme un acte fort en faveur du développement durable, inclusif et ancré dans le territoire
La farine de blé importée reste omniprésente dans la production du pain au Cameroun, au détriment des céréales locales telles que le mil, le sorgho, ou encore le manioc, le maïs et la patate. Et pourtant, ces matières premières abondantes, nutritives et peu coûteuses dorment parfois dans les greniers, ou sont utilisées à faible valeur ajoutée.
Le projet porté par le SAILD et l’ACDIC, financé par le Fonds pour l’Agroécologie (Agroecology Fund), ambitionne de donner de la valeur à la farine locale, en accompagnant les boulangeries artisanales qui ont fait le pari du local. A travers des formations techniques et un travail sur la qualité des produits, le projet vise à structurer une véritable filière boulangère alternative, résiliente et compétitive.
« Ce projet que nous lançons consiste à renforcer les boulangeries artisanales. Soit des petites unités de production portées par des artisans nationaux pour incorporer les farines locales, notamment à base de manioc et de patate, dans la production du pain et des pâtisseries », précise Rodrigue Kouang, chef du projet.

Une démarche qui inspire
En valorisant ce qui est produit localement, le projet « Empowering local artisanal Bakeries » montre que le développement ne vient pas toujours d’ailleurs. Il peut naître de ce que nous avons sous la main, à condition de le transformer avec intelligence, passion et coopération. C’est une réponse concrète aux défis de la dépendance alimentaire, du chômage local et de la perte de patrimoine culinaire.
« On a cette difficulté à joindre les deux bouts parce que le métier de la boulangerie nécessite des fonds conséquents. Pour mettre sur pied une idée de boulangerie, aussi mini qu’elle soit, il faut avoir au moins le million. C’est là que bloque la plupart de potentiels promoteurs », regrette Guy Marce Nganta, promoteur du pain composé, représentant du DIC Vert-Rouge-Jaune.
A travers « Empowering local artisanal Bakeries », le SAILD et l’ACDIC rappellent que le pain peut être plus qu’un aliment, mais un moteur de transformation sociale et économique.
Et si demain chaque pain acheté devenait un acte de soutien à l’agriculture locale ? Ces artisans du goût et du territoire y croient, et ils pétrissent chaque jour un peu plus cet avenir-là.
Marie Judith Ndongo









