• Accueil
  • Actualités
  • Journée internationale de la canne blanche : Autonomie en main, parole en l’air

Journée internationale de la canne blanche : Autonomie en main, parole en l’air

Image

Célébrée chaque année pour rappeler les droits des personnes à mobilité et à l’inclusion des personnes aveugles et malvoyantes, la journée internationale de la canne blanche a pris un relief tout particulier cette année au Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun (CJARC). A travers une remise symbolique de cannes blanches et une table ronde thématique, l’organisation a réaffirmé son engagement en faveur de l’autonomisation et de la dignité des handicapés visuels

Dans une salle pleine à craquer du CJARC en son siège à Yaoundé, des jeunes handicapés visuels reçoivent pour la première fois pour certains, leur canne blanche dans mains du Président du Conseil d’Administration de l’organisation, Révérend Jean Libom Li Likeng. Cet outil à la fois pratique et symbolique, qui représente l’indépendance mais aussi la reconnaissance sociale du handicap visuel.

« En recevant cette canne blanche, nous comprenons au plus profond de nous que nous sommes accompagnés par le CJARC qui est une association qui signifie beaucoup pour nous. Nous sommes très contents de recevoir du CJARC une canne blanche. Cela nous permet de nous épanouir à travers la mobilité et à travers cette indépendance que nous recevons dans nos familles et partout ailleurs », témoigne Igor Mpande, grand séminariste du Diocèse de Batouri.

Au-delà de sa dimension symbolique, cette remise est un acte fort. Pour beaucoup, c’est la première étape concrète vers une réinsertion scolaire, professionnelle ou sociale.  

« On ne peut pas encourager les personnes déficientes visuelles à utiliser un outil dont elles ne disposent pas. Il est important pour nous de fournir des efforts pour mettre à la disposition des personnes déficientes visuelles la canne blanche, et aussi leur montrer comment l’utiliser », explique Coco Bertin, Directeur du club.

Une table ronde pour faire entendre les voix invisibles

La cérémonie du 15 Octobre a été meublée par une table ronde sous le thème : « Canne blanche, un outil de mobilité et d’accessibilité universelle : spécificité du Cameroun ». Les échanges ont réuni jeunes aveugles réhabilités, éducateur spécialisés, responsables associatifs, représentants des pouvoirs publics et acteurs du transport urbain. Il y a été question des réalités locales, à savoir manque de sensibilisation, infrastructures peu adaptées, marginalisation persistante et absence de politiques publiques réellement inclusives.

« Nous nous trouvons dans des situations délicates. Dans le besoin de renseignements, malgré que nous nous positionnons selon le code, nous ne les recevons pas. Lorsque nous interpellons les usagers, ces derniers estiment que nous le faisons pour bénéficier d’une assistance particulièrement financière », regrette un jeune non voyant.

Former les transporteurs, un levier indispensable

Parmi les urgences soulevées, la formation des formateurs urbains est revenue avec insistance. Les participants ont dénoncé les cas fréquents de moquerie, voire de danger lié à l’indifférence des conducteurs face à leur handicap. Des propositions concrètes ont émergées, contenu dans un plaidoyer bien élaboré, décliné par le Directeur du CJARC ;

« Nous travaillons en ce moment sur un plaidoyer à adresser aux pouvoirs publics afin que le langage de la canne blanche soit officiel dans notre pays. Nous voulons amener l’administration camerounaise à reconnaitre la canne blanche, et faire obligation aux auto écoles de l’enseigner aux futurs conducteurs. Nous souhaitons aussi la mise en place des mesures qui peuvent permettre de reconnaitre la canne blanche sur l’ensemble du territoire, de manière à ce que lorsque les taxis, moto taxis et autres usagers de la route fauchent une personne déficiente visuelle détentrice d’une canne blanche, cela soit considéré comme une faute grave, et même pénalisée. Nous voulons nous adresser spécifiquement aux auto écoles, dans la logique d’encourager les auto écoles à former les usagers de la route au langage de la canne blanche. Nous comptons renforcer les capacités des auto écoles, mais aussi des syndicats des transporteurs, afin que le langage de la canne blanche soit connu. Nous voulons travailler à une vulgarisation large du langage de la canne blanche. Nous comptons organiser des campagnes de sensibilisation au sein des auto écoles et au sein des syndicats des transporteurs, afin qu’ils nous accompagnent dans ce travail de vulgarisation », signale-t-il.

La journée a abouti à un appel fort à l’action concertée entre l’Etat, les collectivités locales et la société civile. A travers cette initiative, le CJARC montre que la jeunesse handicapée visuelle camerounaise n’est pas en attente d’assistance, mais en quête de reconnaissance, d’égalité des chances et d’inclusion.

Marie Judith Ndongo   

Articles Similaires

Solidarité chrétienne : AGESPRO et Preserved Women s’unissent pour soutenir…

Solidarité chrétienne : AGESPRO et Preserved Women s’unissent pour soutenir…

Portée par leur foi chrétienne et leur engagement pour le prochain, les deux associations ont récemment uni…

Routes, propreté et mobilité : La communauté urbaine de Douala…

Routes, propreté et mobilité : La communauté urbaine de Douala…

Sous un soleil prometteur, les habitants de la ville de Douala ont assisté le 20 Octobre dernier…

Bandongoé : Le CMA boosté par un don de réactifs…

Bandongoé : Le CMA boosté par un don de réactifs…

Le Centre Médical d’Arrondissement (CMA) de cette partie du département de la Kadey dans la région de…

Béton en action : Le tronçon Madagascar-Cité verte change de…

Béton en action : Le tronçon Madagascar-Cité verte change de…

Depuis quelques jours, le bourdonnement des bétonnières se mêle aux voix des habitants curieux. Sur le tronçon…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


.