Initié par la Fondation l’arche d’Elijah, le programme vise à renforcer les capacités professionnelles des jeunes femmes camerounaises vulnérables et marginalisées, de la tranche d’âge 18-35 ans. L’évènement connaitra sa 1ère édition du 1er au 31 Juillet 2025 à Yaoundé. La présidente de la fondation, Gaëlle Oyono s’exprime entre autres sur les motivations à la mise en œuvre et les objectifs du projet, les critères de sélection des participantes, les domaines d’intervention, ainsi que le suivi-évaluation après la formation.
Qu’est-ce qui justifie l’initiative Rise up Women et quels sont les objectifs du programme ?
Il y’a beaucoup de femmes autour de nous qui veulent s’en sortir, mais qui n’ont ni les moyens, ni les bonnes informations, ni les connexions pour y parvenir. Je pense que nous pouvons être toutes ces choses pour elles, si jamais nous décidons de nous mettre ensemble. L’idée derrière Rise up women est de créer un espace où les jeunes femmes vulnérables peuvent non seulement apprendre des compétences utiles, mais aussi découvrir leur potentiel et prendre un nouveau départ. L’objectif principal c’est leur autonomisation. Pas juste transmettre des savoir-faire, mais accompagner des jeunes femmes dans un processus de transformation personnelle et sociale. Je suis très sensible à la question de l’épanouissement de la femme. Depuis quelques années maintenant, j’accompagne plusieurs jeunes femmes dans le cadre de mentorat, et il est désormais question pour moi de faire de ce battement de cœur un projet structuré pour pourra toucher plus de monde et transformer encore plus de vies.
Sur quoi se base la sélection des participantes et quelles garanties pour les plus vulnérables ?
On cible des jeunes femmes entre 18 et 35 ans, qui sont dans une situation de précarité et/ou de vulnérabilité. Dans cette catégorie, elles ont très souvent sans emploi fixe, sans revenus, déscolarisées du fait de leur différence comme c’est le cas avec les femmes en situation de handicap. Quand on regarde les sociétés camerounaises, une très grande partie de femmes se retrouvent dans au moins une des situations énoncées. Je ne pense pas que le plus difficile soit d’identifier les femmes vulnérables ou même de mesurer qui est plus vulnérable que l’autre. Je pense que ce sera surtout un challenge de ne pouvoir accueillir que 100 femmes pour cette première édition. Toutefois, de manière pratique, nous allons travailler avec des relais de terrain, notamment des associations, des centres médicaux, des communautés locales, pour aller vers elles, pas juste attendre qu’elles viennent vers nous. Notre sélection se fera à travers une plateforme de candidature accessible, mais aussi avec des appels téléphoniques et si besoin, des entretiens physiques pour bien comprendre chaque profil.
Parlons des domaines d’intervention retenus. Quels sont-ils ? Les compétences sont-elles adaptées au marché du travail camerounais ?
Un mois, ça passe très vite, alors nous devons être efficaces et pragmatiques. On veut transmettre des compétences concrètes, utiles dès la sortie du programme. Chaque femme pourra s’inscrire à l’un d’eux : Entrepreneuriat, Communication digitale, métiers de la beauté. Nous avons conscience des réalités du marché camerounais, notamment l’informel. L’idée est qu’elles puissent lancer une activité, offrir un service ou être prêtes à intégrer ou créer un emploi, même avec un peu de ressources. On veut former à ce qui est utile, faisable et qui produit des revenus.
Comment se passera le suivi-évaluation des participantes après la formation ?
Nous avons conscience qu’à la suite de cette aventure, il y’aura encore des défis. Le marché de l’emploi camerounais n’est pas facile, il est très concurrentiel et surtout marqué par les « tensions économiques ». Et même lorsqu’il s’agit de la mise en place d’un projet personnel, cela peut vite s’avérer complexe, surtout quand on est une jeune femme. On ne veut pas juste les former et les laisser partir. Il y’aura un suivi individuel et collectif pendant au moins 03 mois après la formation. Des références seront désignées pour accompagner chaque groupe. Nos indicateurs de performance sont simples :
Combien arrivent à lancer une activité génératrice de revenus ou trouver un emploi ?
Comment se sentent-elles après ce programme : plus confiante ? Plus motivée ? Moins conditionnée par un environnement local ?
Sont-elles désormais capables d’être elles-mêmes des actrices du changement ?
Le changement qu’on cherche est autant extérieur qu’intérieur. Et l’idée est aussi de former des femmes qui pourront elles aussi aider d’autres femmes de part ce qu’elles ont appris. Ce n’est qu’en créant une chaîne qu’on pourra toucher plus de monde et surtout transformer encore plus de vies.
Quels défis comptez-vous surmonter ?
Le premier défi est le financement. Offrir un programme de qualité gratuitement à 100 jeunes femmes camerounaises sur un mois, ça demande des moyens. C’est pour ça qu’on souhaite mettre en place des ateliers solidaires avec des professionnels pour lever les fonds, un système de marraine avec des femmes qui s’engagent à financer la formation d’une femme à hauteur de 100.000 FCFA, et même des cagnottes en ligne pour mobiliser la diaspora. Nous ne voulons fermer aucune porte qui nous permettrait de pouvoir relever financièrement le défi de ce programme.
L’autre défi est de mobiliser les bonnes personnes, à tous les niveaux : formateurs, bénévoles, partenaires. On essaie de bâtir un réseau d’acteurs qui croient vraiment en la cause. Nous ne voulons pas mettre en place une initiative de plus qui disparaitra aussi vite qu’elle soit arrivée. Nous voulons pérenniser un projet qui va réellement porter du fruit. Mais on avance avec foi, avec stratégie, et avec beaucoup de persévérance et de résilience.
Propos condensés par Marie Judith Ndongo